7. La division des Kans
Le monde étant vaste et sauvage, les quatre peuples élus ne se côtoyaient pas mais tous avaient la même envie de connaitre les limites d'Arawen. Hélas, les voyages étaient dangereux.
Les KazaalKans avaient appris l'art de la navigation. Ils lisaient le mouvement des étoiles et savaient construire des embarcations robustes mais s'ils s'éloignaient trop du rivage les monstres marins les engloutissaient dans les profondeurs abyssales. Ils pleurèrent longtemps la disparition du Dieu-Dragon de l'Eau et décidèrent de consacrer leurs vies à l'accumulation des connaissances. Ils comptaient, recensaient, rangeaient, comparaient, cartographiaient, consignaient, dessinaient, notaient toute chose, toute idée, tout évènement.
Sur les lieux même où KAZAAL étaient apparu pour la première fois, ils bâtirent une tour immense dont chaque pierre était une page de la gigantesque encyclopédie du monde qu'ils ne cessaient d'écrire.
Mais parmi les KazaalKans, certains firent le choix de l'ignorance et s'installèrent à l'écart des villes et surtout des écoles.
Grâce aux enseignements de MAKAR, les MakarKans savaient désormais maîtriser le feu. Le feu créateur d'une chimie qui transforme et sublime, mais aussi le feu destructeur et porteur de mort.
Eux aussi avaient essayé de voyager, mais aux landes dangereuses et fertiles succédait un désert de rochers et de sable brûlant. La chaleur de Wam y était si intense que les corps se desséchaient en quelques heures de marche à peine. L'autre issue auraient pu venir des montagnes couvertes d'une végétation si dense que seuls les brûlis permettaient d'y tracer une piste. La plupart des MakarKans mirent toute leur énergie et leur intelligence dans la construction de machines qui leur permettrait d'atteindre l'horizon improbable du désert. Les autres s'acharnaient à brûler les broussailles impénétrables d'une lugubre forêt.
Au fond de leurs mines, les ImanokKans creusaient, perçaient, extrayaient les roches les plus dures mais aussi les plus riches en pierres précieuses. Le dieu de la Terre leur avait appris comment les tailler pour en faire des étoiles chatoyantes qui brillaient même dans les tréfonds des plus obscures galeries. À eux, peu leur importait d'explorer le monde tant que les montagnes proches cachaient en leur sein de merveilleux trésors.
Ils travaillaient tant et tant qu'ils en oubliaient le rythme du jour et de la nuit. Mais certains d'entre eux aimaient à rêver et à paresser. Au lieu de s'épuiser à gratter le sol, ils eurent l'idée de voler les biens de leurs compères...
Dans les plaines herbeuses, les UltahirKans ne ménageaient pas non plus leurs efforts pour mettre à profit les enseignements du dieu de l'Air. Ils avaient perfectionné l'art du cerf-volant, construit des aérostats si vastes qu'ils leur servaient désormais de logis. Reliés entre eux par des câbles et des filins, les villes qu'ils avaient ainsi bâties ressemblaient à d'immenses toiles d'araignée perlées par la rosée du matin.
Beaucoup s'étaient essayés à l'art de l'envol, mais aucun n'avait pu maîtriser les tourbillons, bourrasques et autres coups de vents qui brisaient et dispersaient sans relâche leurs frêles esquifs aériens. À chaque accident pourtant, certains se réjouissaient de ces mortels échecs : ceux qui avaient le vertige, ceux que le ciel avait rejeté, qui étaient condamnés à rester en bas, et dont les coeurs se nourrissaient maintenant de jalousie et d'amertume.
8. Les peuples de la nuit
Quand les huit Dragons se réveillèrent de leur très long sommeil, ils furent tour à tour surpris, incrédules, choqués, en colère, épris de tristesse et finalement... résignés. Les graines de conscience qu'ils avaient semées et choyées n'avaient donné qu'un fruit pourri.
Au sein de chaque peuple s'était produit ce qu'AZEL avait pressenti. Le dédain était devenu moquerie. Les moqueries avaient engendré les insultes. Les insultes avaient tourné en bagarres. Et des bagarres étaient nées les guerres. Des conflits incessants qui duraient depuis des milliers d'années et n'avaient apporté que le malheur et la destruction.
Il fallait accepter le schisme et trouver une solution. Les Arakxims proposèrent simplement d'anéantir les Kans. Les Araklems s'y opposèrent farouchement.
Alors, fallait-il aussi fracturer Arawen pour créer deux mondes jumeaux ? Les débats allaient bon train quand soudain MAKAR eut une idée et dit : "Les deux mondes que vous voulez créer existent déjà. Celui du jour, quand Wam inonde de sa lumière les terres et les océans d'Arawen et celui de la nuit, où seules les étoiles qui tapissent la voûte du ciel rappellent à chacun qu'il n'est pas mort." Et de son souffle naquit une sphère aux couleurs changeantes. "Voici Chiva, l'astre de la nuit, moins lumineuse que son grand-frère, il accompagnera le peuple nocturne et guidera les voyageurs perdus."
IMANOK fût le premier à applaudir. L'idée était... brillante. Et il fût ainsi fait.
Les KazaalKans savants prirent le nom de Géants. Les ignorants devinrent les Trolls.
Chez les MakarKans, c'est par le choix du feu que se fit la scission. Les destructeurs de forêt étaient maintenant des Berserkers et furent contraints d'habiter le domaine de la nuit. Les Humains, eux, continuèrent leurs recherches à la lumière de Wam.
Au fond des mines, les voleurs, que l'on appelait Korrigans durent rester cachés et continuèrent d'user de nombreux stratagèmes pour s'emparer des richesses des Nains. Mais ceux-ci pouvaient désormais compter sur la lumière du jour pour protéger leurs trésors.
Enfin, le peuple du vent emprunta son nom au son d'une respiration légère et caressante : Elfes. Les infatigables marcheurs des plaines, eux, se nommèrent du son rauque de leur souffle brûlant : Orques.
Les grandes guerres étant finies, les Dragons se rendormirent paisiblement.
Fin du 3ème âge.
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